Berlinale: billet d’ouverture

Dix festivals réunis en un seul : c’est ainsi qu’un ami et collègue anglais définissait cette 66e Berlinale qui vient de commencer. Pour moi qui rends compte de la manifestation depuis trois décennies, j’avoue que je reste quelque peu éberlué par son développement apparemment inarrêtable. C’est ainsi – pour ne citer qu’un exemple assurément pittoresque – que depuis quelques année le grand patron du festival Dieter Kosslick a imaginé une nouvelle section intitulée « cinéma culinaire ». Des films célébrant l’art de la table sont projetés quotidiennement, et chaque soir un grand chef réinvente dans un bâtiment voisin les recettes qu’on a pu admirer sur grand écran (il suffit de s’inscrire pour participer à cette fiesta gustative). Au total, pour cette 66e édition, plus de 200 films inédits vont être projetés jusqu’au 21 février. Un bonne vingtaine de longs métrages sont présentés dans la compétition, qui se termine par l’attribution des traditionnels Ours d’or et d’argent. Habile diplomate, Kosslick a réussi à séduire Meryl Streep pour qu’elle préside le jury 2016. Mais en fait, comme je l’ai souvent vérifié, c’est dans les sections parallèles (non compétitives) que l’on a le plus de chances de faire de véritables découvertes. Cette fois encore, je ne manquerai donc pas de fréquenter assidûment le Panorama et le Forum du jeune cinéma pour y détecter les talents de demain ou les tendances les plus novatrices.

Bernard-Henri Lévy à la Berlinale

L'équipe de Death in Sarajevo
[caption id="attachment_15879" align="alignnone" width=""]© Droits réservésL’équipe de Death in Sarajevo[/caption]

Bernard-Henri Lévy a encore sévi. Le philosophe qui avait naguère incité Sarkozy à bombarder la Libye du colonel Khadafi (avec les catastrophiques résultats que l’on sait) se prend aussi régulièrement pour un cinéaste. Je me souviens encore du gigantesque éclat de rire qui avait accueill à Cannes en 1996 son long métrage Le Jour et la nuit, un des bides les plus monumentaux du dernier quart de siècle. Plus récemment il avait signé Bosna, un récit inspiré par les conflits inter-ethniques dans l’ex-Yougoslavie, sur lesquels il est apparemment persuadé de détenir la vérité ultime. La Berlinale propose aujourd’hui en compétition Death in Sarajevo, mais cette fois Lévy n’apparaît que comme scénariste. La réalisation est de Danis Tanovic, un cinéaste bosniaque de 46 ans (formé en Belgique à l’INSAS) qui avait tourné en 2000 le très remarquable No Man’s Land. Voici en tout cas un créateur qui connaît la réalité du terrain et qui n’aborde pas la tragédie de Sarajevo avec les partis pris idéologiques ou politiques d’un écrivain qui ambitionne de s’affirmer comme le Malraux de notre temps.

3e jour à la Berlinale…

Fuocoammare de Gianfranco Rosi serait le grand gagnant de la Berlinale selon le quotidien professionel Screen
[caption id="attachment_15892" align="alignnone" width=""]© Droits réservésFuocoammare de Gianfranco Rosi serait le grand gagnant de la Berlinale selon le quotidien professionel Screen[/caption]

Lorsque dans un festival on arrive à mi-parcours, le petit jeu consiste inévitablement à faire le point, voire pour les plus audacieux à risquer un pronostic. Tous les matins, je m’amuse à jeter un coup d’oeil sur Screen, une publication professionnelle qui a ici une édition quotidienne et qui demande à un panel international de journalistes de coter les films en compétition (quatre **** représentant le sommet de l’enthousiasme)…

Secret d’état à la Berlinale

Les cyber attaques sont les nouvelles guerres de ce monde
[caption id="attachment_15898" align="alignnone" width=""]© Zero Day, Droits réservésLes cyber attaques sont les nouvelles guerres de ce monde[/caption]

En 2010, des informaticiens de haut niveau ont découvert l’existence d’un programme ultra-secret intitulé Stuxnet, qui a permis de saboter le développement de l’industrie nucléaire iranienne. Dans son film Zero Days,  présenté aujourd’hui à la Berlinale, le réalisateur américain Alex Gibney nous présente une enquête fouillée sur cette invention qui semble relever de la science-fiction et qui a pourtant été conçue par les agences (CIA, NSA et autres) de deux pays obsédés par la menace iranienne:  les Etats-Unis et Israël.

Les premiers, les derniers

Bouli Lanners dans le rôle de Gilou
[caption id="attachment_15905" align="alignnone" width=""]© O'Brothers DistributionBouli Lanners dans le rôle de Gilou[/caption]

Bouli Lanners incarne Gilou aux côtés de Cochise. Les deux chasseurs de prime errent dans une France inconnue, oubliée. Bouli Lanners réalise et interprète un road-movie très noir… qui vient tout juste de remporter, au Festival International du Film de Berlin, le prix Europa Cinemas Labels et le Prix Oecuménique.

Clap final sur la Berlinale

Gianfranco Rossi et Meryl Streep
[caption id="attachment_15910" align="alignnone" width=""]© Droits réservésGianfranco Rossi et Meryl Streep[/caption]

Une Berlinale très politique. Et même, comme l’écrivait dans son éditorial Der Tagesspiegel (le meilleur des quotidiens locaux), la plus politique de ces dernières années. Dieter Kosslick, le patron du Festival, avait annoncé que celui-ci devait jouer le rôle d’un sismographe et rendre compte des convulsions de notre temps. Mission accomplie.

Vendredi à la Berlinale

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« Alors, qu’en pensez-vous ? » : Je sors titubant du Berlinale Palast après les huit heures de projection de A Lullaby to the sorrowful mystery, et comme je suis un des premiers à quitter la salle trois télévisions (espagnole, allemande et italienne) se précipitent successivement sur moi pour recueillir mes impressions. Tout à coup, je me dis que ceux qui en 1876 venaient d’assister à Bayreuth à la première mondiale du Ring wagnérien devaient être dans le même état d’esprit: la stupeur et l’incrédulité.

Le « Belgica » de Felix Van Groeningen

Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch
[caption id="attachment_15932" align="alignnone" width=""]© Droits réservésFelix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch[/caption]

Le café Belgica est au centre de l’histoire de deux frères, unis pour le meilleur et pour le pire. Après La merditude des choses (2009), Alabama Monroe (2012) (César du meilleur film étranger en 2014 et nommé aux Oscars la même année), le cinéaste belge flamand Félix Van Groeningen revient avec un psychodrame prenant, tendre, violent, entièrement tourné à Gand.

Ben Stassen et Robinson Crusoé 100% belge!

Robinson Crusoé en 3D-relief ! Le Belge Ben Stassen, Vincent Kesteloot et l’équipe de nWave Pictures, basée à Forest, livrent une version originale du célèbre naufragé, pleine de surprises. Vendredi devient Mardi, Robinson échoue sur une île pas vraiment déserte…Voilà un film d’animation 3D-relief enchanteur, divertissant où les animaux exotiques et l’unique être humain (Robinson) devront apprendre à vivre ensemble.

L’incroyable vitalité du cinéma asiatique

Fatal Intuition de Jun-hyung Yun projeté samedi. C'est une première internationale pour ce thriller psychologique sud Koréen
[caption id="attachment_16133" align="alignnone" width=""]© FEFF18Fatal Intuition de Jun-hyung Yun projeté samedi. C’est une première internationale pour ce thriller psychologique sud Koréen [/caption]

Il y a bientôt vingt ans que, grâce au conseil d’un ami français, j’ai découvert le Festival d’Udine. Ma passion pour ce rendez-vous du cinéma asiatique ne s’est jamais démentie. Au fil des années, Udine est devenu mon festival favori. Cela tient d’abord à sa place unique dans le paysage cinématographique européen. S’il y a ici et là des manifestations plus modestes dédiées à l’Asie, aucune ne peut rivaliser avec la cité frioulane pour ce qui est de la richesse et de la variété du programme.